Les résultats électoraux allemands vus par un français


Ce petit article cherche principalement à informer quant aux résultats des élections législatives en Allemagne qui se sont tenues le dimanche 24 septembre et commence une ébauche d’analyse sans être exhaustif. Il ne cherche qu’à introduire à de futures lectures plus approfondies de la situation politique allemande.

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                                                              ©www.lemonde.fr 
         
Alors que les élections législatives allemandes viennent de se terminer, les résultats tant attendus pour leur importance d’un point de vue allemand mais aussi d’un point de vue européen, soulèvent de nouvelles questions.
En effet, le parti conservateur au pouvoir d’Angela Merkel (CDU/CSU ) obtient un score historiquement bas (32,9%) tout en se maintenant en position de leader seul capable de former une coalition afin de gouverner.
Le SPD (sociaux-démocrates) reste dans les choux à 20,5 % et enregistre même une nouvelle baisse après une campagne en demi-teinte de son candidat, Martin Schulz qui, début 2017, était perçu comme le potentiel successeur d’Angela Merkel à la chancellerie[1].

La chute des partis traditionnels entraîne inévitablement une montée d’autres partis au parlement allemand (le Bundestag). Premièrement le parti AfD[2] (Alternative pour l’Allemagne) se retrouve projeté au rang de troisième puissance politique en nombre de députés (12,6%) alors même qu’il effectue sa première entrée au parlement. L’orientation de ce nouveau parti, ouvertement xénophobe et eurosceptique, inquiète l’opinion publique. C’est la première fois depuis la chute du nazisme qu’un parti d’extrême droite accède au parlement malgré le garde-fou des 5 % minimums. Ce résultat n’a pas manqué d’ailleurs d’être félicité par la candidate du Front National à l’élection présidentielle en France, Marine le Pen.

D’autres partis ont également profité de l’espace créé par la chute des deux grands, puisque Die Grüne (« Les Verts ») profitent d’une très légère progression (8,9%) ainsi que Die Linke (« la gauche ») à 9,2 % mais surtout le FDP (parti libéral) qui, après une défaite majeure en 2013 ayant fait sortir le parti du parlement, se retrouve devant Die Grüne et Die Linke à près de 11 %.

De l’origine des changements :

Se pose alors la question de l’origine de ces bouleversements. De nombreux manifestants, en Allemagne, se sont retrouvés dans la rue après l’annonce des résultats pour dénoncer l’arrivée de l’extrême droite au parlement. Leur slogan principal étant qu'il ne faut pas oublier l’histoire (et donc la recommencer), se référant à l’arrivée du nazisme qui s’est faite démocratiquement (dans un premier temps). Or l’histoire ne serait-elle pas déjà en train de se répéter ?

La montée du nazisme et du fascisme en Italie sont souvent attribués d’abord à la crise qui secouait ces États, jetant une bonne partie de la population dans la misère. Il est donc important de constater que 13 millions d’allemands vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté.

Chercher l’origine de cette grande pauvreté serait peut-être un premier pas face à la répétition de l’histoire. Les fameuses lois Hartz IV[3] du gouvernement Schröder peuvent notamment en expliquer une partie, à cela s’ajoute la crise financière de 2008 et bien d’autres facteurs économiques et sociaux. Le but de cet article n’est toutefois pas de répondre à cette question qui sera donc laissée en suspens. De nombreux articles ont d’ailleurs déjà été rédigés à ce sujet.  
           
Pour le retour du FDP, plusieurs raisons peuvent venir à l’esprit. Premièrement à la suite d’une forte victoire du parti libéral en France sous la bannière de Macron ; il est cependant important de noter que contrairement à LREM, le FDP se positionne plus sceptiquement face à l’Union Européenne. Deuxièmement, la politique proposée semble d’un point de vue économique proche de celle menée par les différents gouvernements depuis les années 90 mais se positionne bien à l’écart d’Angela Merkel, sur d’autres sujets, qui a perdu en crédibilité nationale.

Un vote par région ?

            
Toute étude de ces résultats électoraux ne peut se faire sans une étude géographique des résultats. L’Allemagne reste très marquée par la séparation entre Allemagne de l’Ouest et Allemagne de l’Est. Cachée par une image unitaire forte internationalement, les différences économiques entre les deux Allemagnes sont toujours très importantes.
L’ex RDA[4] reste très affaiblie économiquement face à son voisin à l’Ouest, retard accentué par une réunification difficile en 1991. Et ces différences sont frappantes d’un point de vue électoral : les partis issus de l’Allemagne de l’Ouest (CDU/CSU ; SPD ; FDP ; Die Grüne) s’effondrent à l’Est et inversement pour Die Linke issu de l’Est.
         
  
L’AfD trouve également de l’électorat à l’Est où la pauvreté est bien plus importante et surtout au bord de la frontière polonaise[5].  En témoignent ces cartes des résultats électoraux (issues de la page Wikipédia sur les élections allemandes) : Il est précisé que tous les partis ne sont pas représentés pour des raisons de place et de visibilité mais sans aucune raison politique de l’auteur.

Les questions principales maintenant sont donc, premièrement comment Angela Merkel va-t-elle s’y prendre pour gouverner ? Avec une grande coalition traditionnelle avec le SPD ? Cette hypothèse paraît peut vraisemblable actuellement aux vues des tensions entres les deux partis. Avec une large coalition CDU/CSU ; FDP ; Grüne ? Coalition plausible mais qui pose le problème d’une majorité ric-rac. Deuxièmement, comment lutter face à la montée de l’extrême droite et qu’elles sont les responsabilités des gouvernements précédents face à ce danger ? Et troisièmement quelle stratégie envisageable par les partis pour rassembler sur tout le territoire allemand et ainsi réduire les inégalités locales ? 

                                                                                    Silvère Ville-Glasauer
Études franco-allemandes, L2




[1] Il est rappelé que l’Allemagne est une démocratie participative comme la France mais à régime parlementaire (le parlement a un pouvoir plus important et le président très peu, le gouvernement est dirigé par un(e) chancelier(e) qui est élu par les parlementaires pour un mandat de quatre ans.)
[2] Altenative für Deutschland
[3] Les lois Hartz IV sont un ensemble de réformes du système social qui allie les politiques sociales et les politiques de chômage créant un revenu minimum pour les chômeurs de longue durée, qui remplace toutes aides sociales, autour de 400 euros par mois.
[4] RDA : République Démocratique Allemande (connu sous le nom d’Allemagne de l’Est), ancien satellite de l’URSS.
[5] Petit rappel, la Pologne est actuellement dirigée par un gouvernement  très conservateur, flirtant avec le nationalisme.

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